reFit Gamo constitue un concept commercial né de la recherche. Pouvez-vous nous raconter comment tout a commencé ?

La rééducation peut s’avérer extrêmement pénible. J’ai moi-même été témoin des difficultés rencontrées par les patients lorsque j’écrivais mon doctorat dans le cadre d’un projet de recherche en collaboration avec le Centre cardiologique allemand et l’université technique de Munich. La plupart des patients se démotivent rapidement et perdent leur confiance dans l’efficacité des exercices et leur capacité à véritablement faire la différence. Il est naturel de ressentir ces sentiments, mais ils impliquent souvent un ralentissement du processus de récupération.

Après une discussion avec mon cofondateur, Valentin, nous avons mené un projet de recherche dans l’objectif d’aider les patients à rester motivés pour leurs exercices grâce à des jeux vidéo exploitant une technologie à base de capteurs et contrôlant simultanément leurs paramètres vitaux.

Peu de temps après, nous avons fait la connaissance de Matthias Rüger, un chirurgien orthopédiste pédiatrique qui s’intéressait à la découverte de solutions pour aider ses patients lors de leur rééducation. Matthias nous a dépeint la souffrance endurée par les enfants qui ont besoin de séances régulières de physiothérapie, ainsi que le stress et les difficultés que cela génère pour leurs familles.

À ce moment, Matthias, Valentin et moi, nous avons décidé de concentrer nos efforts pour aider ces enfants. C'est ainsi que reFit Systems a vu le jour.

Vous et votre cofondateur, Valentin Koller, êtes tous deux des chercheurs scientifiques. De quelle manière l’écosystème bavarois dédié à l’innovation vous-a-t-il aidé à commercialiser votre idée sur le marché ?

Valentin et moi avons pris contact avec UnternehmerTUM pour leur demander de l’aide. Nous avons ainsi eu la possibilité de participer à de nombreux workshops et de créer un réseau avec d’autres start-up. Finalement, avec le soutien de l’université technique (la TU) de Munich, nous avons avec succès effectué auprès d’EXIST une demande de subventions accordées par le ministère fédéral allemand de l’économie. Nous avons également rejoint le réseau BayStartup. En plus de cela, nous avons rejoint plusieurs accélérateurs tels que l’ESA BIC pour nous aider à poursuivre le développement de notre technologie de suivi, l’EIT Health Accelerator grâce auquel nous avons reçu de l’aide pour obtenir notre certification médicale, et également l’Insurtech Hub au sein de Werk1 où nous avons rencontré des mentors et des investisseurs qui nous ont beaucoup aidés.

Actuellement, nous disposons d’un bureau dans le MTZ qui constitue un endroit parfait pour une start-up. Au sein du MTZ, chaque promenade dans le couloir, chaque visite du café ou balade sur la terrasse représente une opportunité de rencontrer des entrepreneurs de tous bords avec lesquels on peut échanger des idées et bénéficier de perspectives différentes.

reFit Gamo, le premier système numérique de thérapie conçu pour la rééducation pédiatrique, constitue un exemple intéressant de l’innovation fondée sur le transfert des technologies. Quels sont les défis que vous rencontrez lors de la conception d’un système numérique pour le secteur de la physiothérapie ?

Les obstacles dus aux règlementations et bureaucratiques pour lancer des produits médicaux sur le marché sont extrêmement nombreux. Les règlementations et les exigences pour obtenir une certification médicale pour des produits sont fastidieuses et complexes. Même si nous sommes parvenus à obtenir la certification pour notre premier produit, les exigences en matière de conformité demeurent très importantes. En plus de cela, nous avons également besoin que les assurances publiques et privées couvrent les coûts du traitement. Pour ces thèmes, nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir bénéficier du soutien de Medical Valley, un réseau spécialisé dans l’innovation dans le secteur de la santé numérique et des experts de Know-How-Transfer e.V.

Un des autres défis a été l’absence actuelle de numérisation dans la physiothérapie qui a créé une crainte que notre produit ne soit conçu pour remplacer les physiothérapeutes. Cependant, l’utilisation de solutions technologiques et numériques durant la pandémie a permis d’apaiser ces craintes. À présent les thérapeutes apprécient le fait que Gamo soutient la thérapie et leur procure de la flexibilité. Jusqu’à présent, les retours que nous avons reçus des thérapeutes qui utilisent notre système ont été massivement positifs.

Vous entretenez encore des liens étroits avec la TU de Munich et vous continuez à travailler en tant que chercheurs. Quelle influence cela a-t-il sur votre entreprise ?

Nous continuons notre étroite collaboration avec les universités munichoises. Grâce au financement du ministère fédéral de l’éducation et de la recherche (BMBF), nous sommes en train de constituer une bibliothèque spécialisée dans la détection des mouvements pour les enfants souffrant de handicaps, en collaboration avec le président du département Robotique et systèmes intégrés de la TUM (le Prof. Alois Knoll), le centre de neurologie pédiatrique et le service de neurorééducation de la clinique Schön de Vogtareuth (le Prof. Steffen Berweck). Grâce au financement du ministère bavarois de l’économie, nous coopérons avec la clinique pour enfants de la LMU (l’hôpital pédiatrique Hauner, le Dr. Sebastian Schröder) pour un projet qui vise à permettre aux patients d’emporter reFit Gamo chez eux en quittant la clinique. Ces projets de recherche subventionnés par des fonds publics en collaboration avec des universités de Munich nous permettent de nous concentrer sur l’aspect innovant de notre solution et de bénéficier d’un avantage concurrentiel.

En plus, plusieurs aspects de notre produit ont été développés ou optimisés dans le cadre d’une thèse de master rédigée par des étudiants exceptionnels et d’ailleurs, plusieurs de nos collaborateurs actuels ont obtenu leurs diplômes dans des universités de Munich.

Pour un système de thérapie développé pour la rééducation pédiatrique, les compagnies d’assurance représentent des partenaires d’une grande importance. De quelle manière des plateformes telles que le DIA Munich vous ont-elles aidés à établir des connexions ? Et comment vous ont-elles aidés à développer votre entreprise à l’étranger ?

Nous avons eu la chance d’être reconnus comme l’une des start-up numériques les plus prometteuses lors du DIA Munich, ce qui nous a procuré une plus grande visibilité dans le secteur de l’assurance.

Pour reFit, et pour tous les autres producteurs de logiciels médicaux, le remboursement de notre produit par les assurances maladie est vital pour notre croissance. Même si ce processus demeure complexe et long, l’intérêt du secteur de l’assurance ne cesse de croître et il existe des opportunités qui peuvent permettre aux start-up de réussir ce qui par le passé n’aurait été envisageable que pour des entreprises traditionnelles et déjà bien établies.

Actuellement, reFit propose le seul dispositif médical disponible sur le marché conçu pour aider les enfants souffrant de handicaps moteurs lors de leurs exercices de physiothérapie. Notre système est actuellement utilisé dans plusieurs cliniques spécialisées réparties dans toute l’Allemagne. Pendant que nous collaborons pour renforcer notre réseau de cliniques partenaires, nous développons simultanément une solution pour la maison qui permettra aux enfants de continuer à effectuer leur thérapie en jouant chez eux. Nous espérons que dans un futur pas trop lointain, il sera également possible d’utiliser des appareils mobiles.

Il est difficile d’imaginer que nous aurions pu arriver là où nous en sommes aujourd’hui sans le soutien de ces différents accélérateurs, réseaux, plateformes, universités et financements publics offerts par le Land de Bavière en Allemagne. Nous avons travaillé très dur pour arriver là où nous sommes, mais nous sommes également conscients que nous avons bénéficié d’une chance incroyable en démarrant cette aventure à Munich.

Votre entreprise conçoit des jeux vidéos à des fins thérapeutiques.
Êtes-vous également un amateur de jeux vidéo ?

J’aime bien jouer, mais j’aime encore plus le processus de création nécessaire pour notre solution parce que cela nécessite l’interaction de concepteurs de jeux, de développeurs de logiciels, de thérapeutes et de docteurs. Cependant, dans notre équipe nous avons des grands fans de jeux qui prennent très au sérieux les discussions concernant les jeux vidéo. Avant la pandémie, nous avions mis en place chaque vendredi une journée consacrée à tester notre système et nous nous sommes bien amusés. Je suis impatient de retourner au bureau et de voir si je peux enfin gagner un match !

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