Bavarian way of life 22/03/2018

Le Fingerhakeln bavarois : un jeu traditionnel pour « tirer sur la table »

Le saviez-vous ? L’expression allemande « Jemanden über den Tisch ziehen » (littéralement « tirer quelqu’un sur la table », autrement dit duper quelqu’un) tire ses origines du Fingerhakeln, un sport traditionnel. Cette discipline sans pareille nécessite non seulement de la force physique mais aussi une très bonne capacité de réaction et une grande résistance à la douleur. Découvrez-en plus sur ce sport régional, la pérennisation des coutumes ancestrales et les règles strictes à respecter par les joueurs professionnels de Fingerhakeln.

Origine de ce sport populaire

Derrière le Fingerhakeln se cache un jeu de force alpin traditionnel, évoqué dès le XVIe siècle et essentiellement pratiqué en Bavière et en Autriche. On dit qu’il servait autrefois à régler les conflits et les querelles. Deux adversaires étaient assis face à face à une table, chacun essayant d’amener l’autre vers soi avec le majeur. Pour remporter un tournoi de Fingerhakeln, il faut avant tout avoir de la force physique, être capable de supporter les douleurs causées par l’étirement et développer une technique personnelle. Ce sport populaire s’est véritablement établi dans la région lors de la fondation de l’association Schlierachgauer Fingerhakler Vereins.

La lutte des doigts au XXIe siècle

Aujourd’hui, il existe douze associations (« Gaue ») de Fingerhakeln dans toute la Bavière et le Tyrol. Par ailleurs, cette discipline dans sa forme actuelle s’est établie en tant que sport organisé. Suite au coup d’envoi officiel donné en disant « Beide Hakler - fertig - zieht! » (« à vos doigts - prêts - tirez ! »), deux adversaires s’affrontent de toutes leurs forces pour tenter de remporter le duel. Il ne s’agit pas uniquement d’une épreuve de force, il faut aussi faire preuve de dextérité. On peut utiliser non seulement ses simples doigts (à l’exception du pouce) mais aussi une lanière en cuir que l’on enroule autour de son majeur pour s’accrocher. Pour faire habilement usage de leurs forces et exercer leurs doigts, de nombreux joueurs de Fingerhakeln ne jurent que par la méthode d’entraînement locale avec des poids. Après s’être suffisamment entraînés, les meilleurs sportifs peuvent mettre leur talent à l’épreuve dans le cadre des tournois alpins bavarois, allemands et internationaux qui sont organisés tous les ans.

Les tournois de Fingerhakeln

Lors des compétitions organisées régulièrement, les participants peuvent s’affronter dans une des 14 catégories de poids et d’âge. Mais que l’on soit jeune ou moins jeune, chacun doit s’en tenir aux règles. L’un des principes fondamentaux est que seuls les hommes sont autorisés à participer. Afin de pérenniser les us et coutumes, ils n’entrent en scène que vêtus des meilleurs costumes traditionnels, dans l’idéal une « Lederhose » (culotte bavaroise) patinée et un chapeau serti d’un splendide « Gamsbart » (houppe en poils de chamois). De plus, il est essentiel que les participants soient membres du groupement « Landesverband Bayerisches Fingerhakler » ou fassent partie d’une « Gau » (association) depuis au moins un an. Dès que deux adversaires sont assis face à face, le coup d’envoi est donné et la compétition se déroule sur une table normalisée avec une lanière en cuir d’environ dix centimètres de long et de six à huit millimètres d’épaisseur, selon le système à élimination directe. Cela veut dire que le joueur le moins fort est éliminé après deux défaites. Pour améliorer l’adhérence, il est permis d’utiliser de la poudre de magnésium. En outre, il y a toujours des « rattrapeurs » assis derrière chacun des participants pour des raisons de sécurité.


D’ailleurs, il existe aussi le Boahakeln et le Gnackziagn : le Boahakeln consiste à enlacer ses genoux et à essayer d’amener au sol la jambe de son adversaire. Le Gnackziagn requiert une colonne cervicale en béton. Les deux participants passent leur tête à travers une corde formée de plusieurs chiffons et tirent en arrière avec la simple force de leur nuque pour amener l’adversaire au-delà d’une ligne.